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Les Ethiopiques
21 janvier 2012

Lettres d'Ethiopie

Préambule :

En vue de ne blesser personne, je m'adresserai  à vous sous la forme épistolaire. C'est un 
procédé littéraire très habile qui permet l'implication du lecteur et le force à lire
jusqu'au bout puisqu'il croit à tort, le con, que je m'adresse véritablement, 
et directement, à lui. Oui, le lecteur brille rarement par son intelligence et est souvent
un être gonflé de sa propre importance (Ces dernières considérations ne te concernent pas
toi, bien sûr. Tu as vu ? Ca marche du tonnerre).

Aussi ai-je dû trouver une petite astuce dans l'en-tête pour ne pas tomber dans l'écueil du
Genre. Vous le voyez, hommes et femmes sont traités sur un pied d'égalité avec moi. Alors on est 
d'accord, commencer une lettre par Chère belle âme, ça fait complètement pédant pour ne pas
dire plus, vulgaire. Hugolien, en somme.

Ceux qui sont dépourvus d'âme sont priés de passer leur chemin. Ils se reconnaitront.


Chère belle âme,


Voudras-tu bien ne me pas trop tenir rigueur du silence prolongé qui fut mien depuis mon départ pour 
l'Abyssinie ? C'est qu'une infâmante colique me fit garder le lit tantôt. Aussi n'avais-je
guère d'anecdotes à te livrer dont tu raffoles. Ca, ainsi que la terreur sourde que m'inspirent 
les paiens et leurs bien étranges coutumes.

Savais tu que ces peuplades étaient capable de l'impudeur la plus outrageante ? Me rendant à
pied à une gargotte connu par des chemins connus de moi-même, où d'ailleurs probablement 
j'ai contracté l'humiliante affection dont je t'entretînt plus haut, je croisais en effet un fameux énergumène ! 
Le drôle divaguait en tenue d'Adam sur la chaussée jonchée des détritus et papiers gras que je venais 
de balancer. Cette offense au bon goût et à la décence, dont tout un chacun ne se devrait jamais
départir, ne m'eût été intolérable si alors ses chairs répugnantes n'eûssent frôlées mon chandail favori !

Quoi qu'il en soit, si sa stratégie visait à me délester de quelque piécette, elle fut un fiasco total.

Je m'empressais bien au contraire d'alerter les milices, nombreuses en ces contrées, au 
propos de l'inconcevable outrage tant à l'hygiène publique qu'à la Raison triomphante, tandis que
je songeais par devers moi aux bien étranges coutumes des indigènes et aux germes dont il me faudrait
purifier la précieuse étoffe. Si seulement il était seul a agir de la sorte ! Or l'on ne compte pas les vieillards obscènes dans leurs guenilles malodorantes.

Mais, ce charme pittoresque n'est-il pas aussi ce pourquoi j'en vins à désirer parcourir ces tristes
tropiques, contre lesquels pourtants ma mère n'eût de cesse de me mettre en garde ? Ah, je la revois
distinctement, la pauvre femme, engoncée dans son fauteuil et ses préjugés, pestant tant et plus envers
mon irrépressible soif de l'horizon, contre ma touchante candeur ! Alors j'étais jeune et beau et tout
plein empli de nobles idéaux que la rouerie des Africains achèveront de mettre à bas avant qu'il soit
dimanche prochain. C'était il y a dix jours seulement qui pourtant me semblent deux longues semaines déjà !
Ah ! Ma très chère mère, toi prématurément saisie de cette sénilité débilitante qui me semble t'il, mine tous ceux 
que la bouteille a choisi de faire les esclaves ! Pauvre vieille créature égrotante emmitoufflée dans ton châle, 
semblable à ces vieilles mendiantes gitanes repoussantes qu'il nous faut sans cesse cogner des poings et des talons dans le RER B, et qui causent tant de tracas à nos ministres humanistes !

"Qu'espères-tu donc trouver de plus qu'il ne te suffit ici, fils ? demandait-elle. Probablement quelque
Âge d'Or, tout plein de ces sauvages beaux et nobles tels qu'échappés de l'île de M. Bougainville, dont je
conçois aujourd'hui le très vif regret de t'avoir enseigné les merveilles ? Et cela seulement pour que 
tu puisses étinceler de mille feux dans les bacchanales dépravées dont tu recherches 
avidement les plaisirs ? (Car c'est ainsi qu'elle imagine les dîners mondains que j'aime à fréquenter, cette pauvre vieille folle aimée).

"Ah, monsieur Rousseau (ou était-ce monsieur Diderot ?), elle poursuivait alors, gardez donc vos langoureux fantasmes pour vos propres orgies de
vieux dégueulasse masochiste, mais laissez moi mon fils, quand même alors la société post-capitaliste dût ronger
son âme et la mastiquer et puis la digérer dans les trois estomacs acides de ses mamelles flétries !"

Elle déconnait sévère. Et pourtant, son manque de lucidité dissimulait une parcelle de ce qui est la vérité, comme 
souvent il s'agit au propos des aliénés. Car, en fait d'enfants innocents courant nu-pieds sur les chemins de
l'école, en fait de ventres gonflés par le Kwashiorkor et d'yeux châssieux tout gênés de mouches tsé-tsés, on a ici affaire à de véritables petites brutes rouées et très vicieuses, qui ont porté au pinacle le vol et la mendicité. Tiens, rien que mon téléphone 
couleur de marque Nokia, fleuron de l'année 2008 : envolé, alors que simplement je l'avais abandonné aux regards des envieux à la 
table d'un café, tout gonflé de l'importance qu'un coquin m'accordait. Désireux de tout savoir de moi,
et de mon pays, je songeais un instant aux savoirs que j'allais lui pouvoir transmettre ! Qui sais, peut être avais-je
devant moi le Ho Chi Minh éthiopien, qui mettrait ensuite mes enseignements en pratique pour soulever son peuple contre 
l'oppression et la tyrannie financiere ? Le Pol Pot d'Abyssinie, le Ghandi nègre ? !

Des nèfles, oui ! Car bien sûr, j'ignorais encore qu'un deuxième larron me délestait de mon bien et de mes fols espoirs. Espoirs que j'ai comme de bien entendu vite abandonné depuis, tant ce peuple me semble bête, obtus et peut bien rester enchaîné dans une oppression qui ne semble nullement l'affecter. Sans cesse, il me faut ofrrir quelque breuvage alcoolisé aux indigènes, à qui ma seule bienveillante compagnie devrait pourtant suffire. Certes j'en conviens, ma bonhommie, mon idéalisme et mes élans naturellements 
portés vers la générosité et la boisson, qualités fort prisées sous nos latitudes, sont sous les Tropiques autant d'écueils qu'il est malaise de contourner. Je crois que cependant ils y gagneraient un peu à apprendre des choses de moi. 

Pour commencer, à faire cuire leur viande, ce serait déjà un bon début.

Car oui leur viande ! Et dire qu'en plus d'une occasion, j'y envoyais par avion-cargo des pleins sacs de riz qualité supérieure Uncle Ben's, me privant bien cruellement moi même, quand en réalité ces messieurs engloutissent des buffles par quartiers entiers ! Et sans même prendre la peine de cuire les chairs (au mépris du danger, et des plus élémentaires règles d'hygiène alimentaire) ! Ce spectacle est formidablement repoussant quand surtout on a l'estomac fragile tel que le mien. Ils sont gonflés pas qu'un peu je trouve. Venir pleurer a qui mieux-mieux de l'aide alimentaire quand on est repu et bien portant, moi j'appelle ca du viol humanitaire. Je me console en pensant que des ténias probablement font bombance à leurs dépends.

Franchement, si j'avais voulu voir autre chose que des pécores crevant la dalle dans des huttes, je me serais bien dispensé de faire 3000km, et me serait confortablement attablé devant une bonne entrecote a l'Hippopotamus du coin. Et puis, ces facheux viennent tordre le cou a quelques idees préconçues, me laissant donc livré à moi meme. Car c'est important d'avoir des certitudes solides dans la vie, non ? Ma déception est donc de taille.

Je dois à présent te laisser. L'obsédante "musique" qu'ils diffusent dans le boui-boui d'où je t'écris, et qui 
défie d'un conjoint élan l'élégance et le bon goût (en celà ils rappellent a mon souvenir un autre peuple arriéré, je veux bien sur parler des fourbes Indiens), me semble affecter mes capacités cognitives dans une mesure qui dépasse 
plus follement encore les craintes que j'eûs osé nourrir de prime abord. Pardonne donc les tournures 
grammaticales, et les tâches de gras (mais tu connais mon manque de tenue à table). Avant que d'être abrutit pour de bon, et contraint 
de prétendre aimer cela de crainte des représailles, je préfère fuir avec l'oiseau pique-boeuf qui a entrepris de curer 
les nerfs et tendons logés entre mes incisives.

Bien tendrement,

 

 DSC_0022

Ce qui fait office de champs de fleurs sur ces mornes plateaux. 

DSC_0044

 Le centre-ville d'Addis-Abeba. Il s'agit du stade municipal. De toute facon je ne crois pas qu'ils comprennent les regles du football.

 DSC_0042 

Wesh le ghetto.

 DSC_0049

Des maisons traditionnelles. 

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 Mon fidele compagnon qui fait un petite sieste.

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Un temple dedie a quelque puissance occulte. Ils l'ont maquille en Eglise tout ce qu'il y a de respectable, mais ils ne trompent personne.

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Le bienveillant gouvernement a prefere raser les huttes traditionnelles qui precedemment gachaient la vue sur les gratte-ciels. On le comprend !

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Les gratte-ciels, symboles du pays dans l'imaginaire collectif.

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 Une voiture Peugeot, y'a pas, vive l'industrie francaise.

DSC_0114 

 A croire que je suis pas assez bien pour photographier ce petit drole.

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Un temple paien primitif.

DSC_0160 

Un vieux fou en habit de gala.

 

Desole j'ai oublie un dossier de photo donc je n'ai que ca pour l'instant.

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Commentaires
C
Oui, ok, ça marche, mais rien de nouveau à se mettre sous l'oeil ??tendrement.
C
C'est bien, je vais pouvoir avoir des ptits mots de tous les copains de mon charlie, comme au temps de l'Inde ; alors, bonjour vous tous, et une bise particulière à Delphine (courage, mignonne !)
S
Tro bien la foto du chien, on diré un chien empayé qui serait posé sur la route.
C
Oui c'est grace a ma maitrise de photoshop (meme si pour le chien ca se voit que c'est un fake).
D
C'est juste pour être la première à "poster un commentaire", voilà, c'est fait, j'ai cette exclusivité (même si je n'ai pas encore lu tes sottises. Faire croire aux plus naïfs que tu es en Éthiopie!! Décidément, tu n'as honte de rien, après l'Inde.).
Les Ethiopiques
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